Un matin, il y a quelques mois, je me suis réveillée avec ces questions en tête : pourquoi est-ce que je continue à teindre mes cheveux ? Pourquoi m’astreindre à maintenir une couleur « artificielle » (même si végétale, pas chimique) par-dessus la couleur naturelle de mes cheveux ? Pourquoi vouloir une couleur différente que celle que mes cheveux ont prise, aujourd’hui ?
J’ai réalisé que pour chaque raison que je me trouvais (que mon ego trouvait...), pour chaque réponse qui surgissait, aucune n’avait de sens, aucune n'était valable ! Une épiphanie, wow 😊 !
Ça allait comme suit :
(Ego) - Tu teins tes cheveux « parce que c’est beau ».
(Moi) - Ah ?... Oui, c’est vrai. Mais la « beauté » est multiple, elle n’est pas unique. Plusieurs choses, couleurs, sont belles…
(Ego) - J’adore cette couleur-là. Je veux l’avoir pour moi.
(Moi) - C’est vrai qu’elle est belle, cette couleur, que je l’aime… Mais ce n’est pas la mienne. Pourquoi je veux avoir quelque chose qui n’est pas à moi, que d’autres possèdent, naturellement, mais pas moi ? Qu’est-ce que je cherche à obtenir ainsi ? Pourquoi je désire avoir des choses que je n’ai pas ? Qu’est-ce que je néglige en moi, que j’oublie de regarder, de valoriser, d’aimer, pour me concentrer sur l'acquisition d'éléments extérieurs à ce que je suis ? Quel prix suis-je en train de payer pour obtenir une caractéristique qui ne m'appartient pas ? Pendant que je suis occupée à m’approprier une couleur qui n’est pas la mienne, qu’est-ce que je délaisse en moi et qui me revient de droit, qui fait partie de ce que je suis ?
(Ego) - Tu teins tes cheveux « pour ne pas paraître 10 ans plus vieille que ton âge ».
Ah, bon Dieu ! Cette réponse, elle m’a fait rire ! Je me suis entendue répliquer :
(Moi) - Ouais, et puis après ?... Pourquoi serait-ce important, nécessaire, souhaitable d'avoir l'air « pas trop vieille » ? Qu’est-ce que l’âge que je parais avoir, ou celui que j’ai réellement, peut bien avoir comme importance ? Mais aucune, zéro, nada ! Mais encore… Est-ce que ce ne serait pas pour plaire, tirer un certain bénéfice de mon apparence physique dans des situations du quotidien ? Hum… Si c’était le cas, (l'est-ce ?...) qui a dit que pour cela, il faudrait être ou paraître jeune (ou pas trop vieille) ? Qui a inventé cette espèce de code malsain qui nie la vérité du corps, de la vie, qui pousse à gommer un phénomène naturel au nom de critères artificiels (qui sentent le patriarcat à plein nez, en passant) ?
Bref, ce matin-là, un paquet de conditionnements que je portais en moi inconsciemment ont pris le bord. Ils n’ont pas résisté à l’épreuve de vérité que je leur ai infligée.
Transition
Et donc voici aujourd’hui où j’en suis rendue dans mon processus de transition. Car ça aussi, c’est bien inconfortable pour l’ego : être en transition, en transformation, en changement. Il n’aime pas trop. Il veut que tout soit parfait, terminé, achevé, classé, fini, réglé ! Eh bien, non. C’est un chemin. Il y a des étapes à suivre, un temps d’intégration à respecter. Ça demande de la patience, de la persévérance, une cohérence réaffirmée jour après jour.
Redécouvrir ce que l’on s’est caché à soi-même, et aux autres, pour « bien paraître », pour « se conformer », ça ne se fait pas en cinq minutes.
Oui, ce témoignage que je vous partage est une métaphore du processus de libération intérieure que chacune, chacun peut vivre s’il en a l’intention. Une fois la décision prise, le chemin à parcourir demande du temps, de la persistance, un engagement de tous les instants. C’est en route que nous découvrons toutes les forces qui nous habitent et qui demeureraient inconnues de nous si nous n’avions pas à marcher si longtemps, si profondément dans des eaux boueuses, salies de nos inconsciences passées, pour apprendre à en émerger.
Alors, si ce texte résonne pour vous, réjouissez-vous du trajet qui est vôtre, de ce que vous découvrez à chaque instant, à chaque étape, sans vous presser indument vers un but à atteindre ; ce but se dévoilera de lui-même au fil du chemin. Il vous apparaîtra naturellement lorsque vous aurez cessé de vouloir l’atteindre. Et vous comprendrez alors que le trésor tant espéré se trouvait disséminé sur le trajet que vous avez accompli et non dans l’objectif que vous poursuiviez au départ.
La découverte de soi, de qui on est vraiment, s’effectue petit à petit, à mesure que nous enlevons une couche, puis une autre, et une autre encore, que nous laissons tomber ces couleurs que nous voulions, mais qui masquaient les nôtres, uniques et irremplaçables.
Oui, un jour, ma véritable couleur aura pris toute sa place, sa juste place. Lorsque le temps sera venu. D’ici là, j'apprécie ce que j’ai déjà accompli et qui commence à transparaître…
I see your true colors
Shining through
I see your true colors
And that's why I love you
So don't be afraid to let them show
Your true colors
True colors are beautiful
Like a rainbow…
2 Comments
Bonjour Caroline,
Un grand merci pour votre texte « Ma vraie couleur » et pour la magnifique chanson qui l’illustre si bien.
Je vis la même chose que vous. La dernière fois que j’ai teint mes cheveux (en blond), c’était en juillet 2019. Et quelques temps après, j’ai vécu le même cheminement que vous! Aujourd’hui, mes cheveux sont pratiquement tous blancs et lors de ma prochaine visite chez le coiffeur, les dernières mèches blondes seront coupées. Je pourrai alors arborer ma vraie couleur et assumer extérieurement ma transformation intérieure de ces dernières années!
Paula
Merveilleux, merci Paula de votre partage ! Belle continuité à vous !