Un chemin sur lequel l’ego (l’esprit malade) nous entraîne est celui de la peur de la survenance d’un évènement que nous envisageons comme indésirable, pour diverses raisons (souffrance appréhendée, perte, entrave à un désir, etc.).
Le chemin présenté par l’ego se situe hors de l’instant présent.
C’est une possibilité, future, qui nous est proposée, une conséquence éventuelle à une circonstance que nous vivons maintenant. Elle se rattache ou s’associe, consciemment ou non, à une mémoire douloureuse que nous portons. Ce souvenir, nous redoutons de le recontacter, de le réveiller, car nous en avons conservé, au plus profond de nous, les stigmates négatifs. Jadis, nous avons stocké en mémoire uniquement les aspects malheureux d’un vécu.
Or, une situation, quelle qu’elle soit, n’est jamais entièrement négative ou positive.
Toute médaille comporte deux faces.
Mais un dispositif intérieur fait en sorte que l’humain garde seulement l’empreinte du côté négatif et oublie les aspects positifs.
Si bien qu’au fil du temps, nous nous retrouvons à avoir cumulé une masse de mémoires négatives, l’ego, qui nous dirige dans les mêmes voies, celles qui contournent ces souvenirs classés douloureux cela, au moyen de la peur.
Guidés par la peur, dès qu’une possibilité survient dans notre vie présente de recontacter une situation apparentée (même partiellement) à un vécu passé, que vous avions étiqueté « néfaste », nous allons volontairement et constamment l’éviter. Nous fuyons ainsi le face-à-face avec les souvenirs de l’évènement-source, nous privant de la possibilité de rectifier l’enregistrement strictement négatif que nous avions fait à l’époque et enfoui en nous, dans le coffre de l’ego.
L’ego va aussi nous maintenir dans une vigilance constante, sur un qui-vive de tous les instants (quoique souvent inconscient). Nous redoutons la réapparition d’une circonstance ressemblant au souvenir craint, ce qui provoque un état permanent de tension, de stress. Nous sommes à l’affut de toute manifestation qui pourrait laisser entrevoir qu’une situation indésirable, épeurante, pourrait surgir. Nous vibrons la peur presque continuellement, souvent sans nous en rendre compte, car cet état nous habite depuis si longtemps, celui de la peur d’avoir peur.
Sortir de ce cercle perpétuel est possible.
La guérison est accessible si, au lieu de fuir la peur, nous acceptons de revisiter le vécu originel afin d’en recueillir les parcelles que nous avons oubliées, les bons côtés et aussi ceux qui sont neutres. Ainsi, nous accèderons au portrait global de l’évènement-racine, à ses enseignements dans leur totalité et nous pourrons faire la part des choses, en avoir une compréhension complète, juste. Un film où certains passages nous sont voilés nous porte à des conclusions différentes que lorsque nous avons accès à son intégralité. Retrouver l’entièreté des informations nous amène à effectuer de nouveaux choix, fertiles et non plus stériles ; nous devenons créateurs de notre vie et non esclaves de l’ego.
Lorsque l’ego nous montre l’un de ses chemins catastrophes, les autres voies sont assombries par l’ampleur du désastre appréhendé, les émotions occupent tout l’espace. Nous n’arrivons pas à voir les autres possibilités, bien qu’elles existent.
Nous sommes prisonniers des émotions négatives suscitées par l’ego.
Nous pouvons apprendre à commencer à distinguer ces autres chemins qui mènent à la délivrance de l’emprise de la peur sur nos vies et qui nous maintiennent dans le cycle de la souffrance.
La guérison n’est pas facile, car nous avons amassé des années, des vies, de peurs.
Nous avons vécu à des époques où l’instinct de survie régnait ; sur terre, la conscience était quasi inexistante. C’était tuer ou être tué. Nous voulions survivre, nous protéger de l’indigence, de la maladie, de la mort, de toute souffrance physique, prendre pouvoir afin de ne pas se retrouver soi-même sous la soumission d’autrui.
Mais avec l’avènement de la conscience, qui se fait de plus en plus présente sur terre, nous avons la possibilité de réparer les méfaits que nous avons inévitablement commis en ces temps reculés.
Nous pouvons rectifier les choses, revisiter les modes de fonctionnement d’antan afin de les harmoniser avec la conscience.
Les données, parcellaires, que nous avions enregistrées peuvent être effacées pour faire place à nos nouvelles compréhensions.
Ainsi, au lieu de garder en mémoire seulement les souffrances, nous pouvons commencer à voir le portrait en entier, en tenant compte des deux côtés de la médaille. Ce qui nous offre l'opportunité d’effectuer de nouveaux choix, basés sur l’information émanant à la fois de l’instinct (qui n’est pas à rejeter dans ses fondements non pervertis, bien sûr, étant un attribut permettant de vivre dans la matière) et de la conscience.
C’est un peu comme deux équipes de sport qui s’affrontent.
Dans le passé, nous jouions pour une seule équipe, celle de l’instinct de survie (notre côté terrestre, physique). Nous prenons conscience maintenant que sur le terrain, il y a une autre équipe, celle de notre côté cosmique, énergétique. Cette équipe, une autre partie de nous, détient les informations que nous avions oubliées, celles relatives aux aspects positifs (et neutres) des évènements passés, tout ce qui se trouve inscrit sur l'autre versant de la médaille.
Les personnages intérieurs en nous qui luttent strictement pour l’instinct conservent en mémoire les conséquences négatives des expériences passées. Quand nous réveillons notre équipe cosmique, nous commençons à retrouver les mémoires célestes, ce qui nous permet ensuite d’accéder au portrait global de nos vécus.
Chaque humain aura, tôt ou tard, à réveiller les membres des deux équipes qui vivent en lui : le féminin et le masculin. Puis, à faire en sorte, non pas qu’ils s’affrontent les uns les autres – ce qui perpétuerait la fragmentation des informations, chaque équipe détenant une part de l’histoire, un côté de la médaille – mais que nous les rassemblions pour qu’ils oeuvrent dans une même direction, tels les chevaliers de notre table ronde intérieure sous la gouverne du roi Arthur, ouvrant la porte à la fin de la séparation, de la dualité, au retour à l’unité.
Le cheminement s’effectue au quotidien, pas à pas, selon le rythme de chacun et sa détermination à guérir.
Au lieu de fuir la peur, par automatisme, arrêtez-vous un instant. Commencez par accepter de la regarder. Certes, ce sera très, très inconfortable. Les émotions surgiront, tels les hurlements de douleur d’une bête blessée, elles vous envahiront, vous submergeront. Comme une tornade, elles finiront par passer même si, sur le coup, vous croirez qu’elles seront éternelles. Tenez bon ! Respirez !
Qu’est-ce que la peur cherche à cacher ? La peur est une barrière qui empêche de récupérer des informations, des outils, des facultés, d’accéder à un autre niveau de conscience, de retrouver une parcelle de notre vérité, de guérir. L’ego se battra jusqu’à la mort pour préserver ce que nous lui avions concédé.
Le processus de guérison demande du courage ; il n’y a pas de courage sans peur. Et de la détermination, de la patience.
Accepter de regarder la peur marque le début de la guérison qui mène, en temps et lieu, à pouvoir la traverser afin de retrouver le point d’origine qui contient l’ensemble des données, et non seulement les souffrances gardées en mémoire. La peur se désagrège, alors, une nouvelle compréhension s'installe. C’est le début de notre libération, de la reprise de notre pouvoir sur notre vie.