Au cours d’une épreuve, face à une difficulté, dès que l’on se met à penser : « c’est impossible, je n’y arriverai pas », c’est la voix de l’ego qui s’exprime. Car tel est son rôle : venir à notre secours lorsque nous sommes dans une position inconfortable.
Dans le passé, lorsque nous étions souffrants et démunis face à l’adversité - enfant, par exemple - sans ressource ni soutien, c’est lui que nous avons appelé à l'aide. En fidèle serviteur qu’il est, il a répondu présent dans ces moments où personne ne nous tendait la main. Au fil du temps, l’ego s’est ainsi construit, nous emprisonnant dans ses « solutions », des avenues apparemment hors du danger que nous voulions fuir alors et nous procurant une certaine sensation de réconfort immédiat, un peu d’apaisement.
Toutefois, tous les problèmes que nous lui avons confiés de cette manière, année après année, l’ont nourri. Il a épaissi sa carapace, nous gardant de ce fait loin des périls, des souffrances, en apparence. Car, en réalité, toutes les propositions amenées par l’ego ont pour caractéristiques d’être temporaires ; ce sont des soupapes de sûreté, des échappatoires face à une situation que nous sommes incapables de gérer à un certain moment de notre vie parce que nous n’avons plus accès, pour différentes raisons, à nos ressources intérieures, nos outils, nos facultés, certaines portes qui nous permettraient de résoudre notre condition difficile adéquatement.
En outre, tout ce qu’il nous propose comme étant « bon pour nous à ce moment » ne tient pas compte des effets de cette solution sur autrui, nos proches, la collectivité. Nous nous sentons pris au piège, flirtons avec l’angoisse, le doute, la peur, alors tout remède pour faire cesser ces appréhensions, ces tensions est bienvenu : l’ego nous tend une perche et nous la saisissons car nous sommes en péril, au diable les impacts de ce choix sur notre entourage, sauve qui peut !
Ce procédé, à force d’être utilisé, devient un automatisme. Lorsque certaines similitudes avec des circonstances vécues dans le passé ressurgissent, hop, l’ego réapparaît pour s’en emparer et nous offrir un baume rapidement afin de nous éviter de re-souffrir, de re-contacter la douleur créée par la difficulté pour laquelle nous n’avions pas de solution.
Ce modus operandi fait en sorte que nous cheminons toujours sur le même chemin, dans le même tunnel, celui proposé par l’ego. Cela, même si nous avons grandi, même si au fil de notre évolution nous aurions pu récupérer certaines facultés en nous qui pourraient nous permettre aujourd’hui de dénouer une problématique qui paraît analogue à celle du passé, mais cette fois d’une manière différente, sans l’aide de l’ego.
Ce mode « pilote automatique », lorsqu’il est enclenché, nous cache la possibilité d'emprunter une autre voie pour guérir véritablement et durablement, ce qui cause en soi la souffrance, le sentiment d’impuissance, la douleur. Car c’est dans cette voie de guérison que réside la clé qui permet la résorption complète et permanente de ce « bogue intérieur » survenu à un moment dans notre vie et dont nous trainons toujours les séquelles. C’est par cette route qu’il est possible de remonter à la source de la blessure subie afin de la soigner et d’empêcher sa résurgence dans le futur. Une possibilité que l’ego n’offre jamais puisqu’il nous dirige sur une avenue de contournement, d’évitement.
Une souffrance que nous gérons par l’ego nous condamne à la voir réapparaitre dans notre vie ad vitam aeternam puisque l’ego est un genre de bête insatiable qui se nourrit de notre souffrance, des émotions négatives que nous créons en nous. Pour cette bête, hors de question de se mettre au régime sec : le pain et l’eau, très peu pour elle. Elle continuera de nous manipuler à notre insu afin que nous nous retrouvions dans des situations qui ressemblent à celles du passé et qui l’ont nourrie. Ainsi, ce cycle de souffrances-évitements se poursuivra tant et aussi longtemps que nous concèderons notre pouvoir à l’ego.
Cela, jusqu’au jour où, peut-être, nous comprendrons que lorsque nous sommes dans un contexte difficile, quel qu’il soit, et que nous entendons monter en nous ces pensées : « je n’y arriverai jamais, c’est impossible, pas question que je revive ça, c’est impossible de traverser cette épreuve, je ne sais pas comment faire, c’est trop dur, etc. », nous nous rendions compte que c’est la voix l’ego qui répond à nos suppliques.
Et alors, au lieu de céder à ses « offres de sauvetage », comme d’ordinaire, nous choisirons une autre avenue. Nous répliquerons : « oui, j’ai l’habitude de suivre ce chemin, mais aujourd’hui, je vois où il m’a mené, je tourne en rond, et je décide maintenant de ne pas le suivre, bien que je n’aie aucune idée pour l'instant de ce qui m’attend puisque je n’ai jamais parcouru encore cette route, je choisis de m’ouvrir à la possibilité qu’il existe une autre façon de faire et qu’en chemin, ce dont j’aurai besoin se présentera à moi. »
Rien de différent, de meilleur ne peut se produire si vous continuez de marcher sur les mêmes routes que dans le passé. Il faut oser explorer de nouvelles avenues pour que de nouvelles opportunités s’ouvrent devant vous. Et il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir en main le mode d’emploi, la carte routière, absolument pas puisqu’il s’agit d’un nouveau chemin pour vous ! Vous voudriez visiter l’Asie en vous dirigeant vers le sud parce que vous êtes déjà allé en Floride et que vous connaissez la route ? Pour découvrir de nouvelles contrées, loin des souffrances du passé qui vous poursuivent sans relâche, vous devez sortir de votre zone de confort (en apparence), celle où l’ego vous maintient prisonnier.
Lorsque vous décidez d’entamer un tel voyage, il n’y a rien à craindre et tout à gagner. La seule partie de vous qui y perdra au change, ce sera votre ego que vous aurez affamé, mais qui devra se soumettre à votre volonté, qu'il vous faudra maintenir. Sitôt que vous vous mettrez en route, ce qui est enfoui en vous et dont vous ignorez la présence commencera à se réveiller et viendra vous assister dans votre périple de guérison. N’est-il pas temps d’entreprendre votre voyage autour du monde, votre monde intérieur ?