Parfois, on peut avoir l’impression d’être pareils à ces chevaux de calèches à qui on met des œillères pour obstruer leur vision grand-angle, périphérique. À droite, à gauche, c’est la noirceur, obligeant le regard à se porter vers l’avant. On a beau vouloir « voir » aux alentours, penser « out of the box », rien n’y fait. Tout est bloqué, à part le chemin qui est tracé devant nous, sur lequel nous ont amenées nos actions passées.
Cette route est peut-être désuète, ennuyeuse, difficile ; nous sommes rendus ailleurs. Mais l’accumulation de décisions prises plusieurs années auparavant, en fonction de la personne que nous étions alors, nous force à continuer d’avancer, machinalement.
Plusieurs demeureront sur ce chemin, même chaotique, même parsemé d’embûches et d’insatisfactions ; c’est une route connue. Ils tiennent à être « loyaux », fidèles à cette personne qu’ils étaient – surtout, ne pas se renier – et aussi, un peu fatalistes : « C’est ça qui est ça » ! Il y a l’hypothèque, la famille, les promesses, et toutes ces obligations qui enchaînent au passé.
D’autres seront forcés de s’arrêter. La maladie, des événements graves et inattendus couperont leur pas pour rappeler leurs rêves, étiolés au fil du temps, dans une demi-ombre, et qui maintenant sont mis au jour brutalement.
Certains prendront leur courage à deux mains, armés seulement de l’impulsion tapie au cœur de leur être, ceux-là diront : « C’est assez, ce n’est plus ma voie ». Ils se libéreront de leurs attelages, arracheront ce qui voile leur regard et découvriront les plaines, les champs, les forêts et toutes ces contrées qui leur étaient inconnues, avant.
Toutefois, rappelons-nous que l’inconnu est présent, partout autour de nous.
Tout ce dont nous n’avons pas encore fait l’expérience est l’inconnu.
Nous, humains, savons bien peu de choses du vaste monde qui nous entoure… Et c’est bien ainsi. Il n’est pas nécessaire de faire le tour du monde, le tour des mondes, pour vivre sa vie. Toutefois, rappelons-nous que l’inconnu est présent, partout autour de nous. Tout ce dont nous n’avons pas encore fait l’expérience est l’inconnu. Si la route devant soi n’est plus pour nous, un autre chemin, pour le moment invisible, étranger, inexploré, existe.
Ne craignons pas de nous dégager de nos entraves, quelles qu’elles soient, pour entamer ce voyage vers qui nous sommes, vers ce que sommes devenus aujourd’hui et vers où notre cœur désire aller.
À cœur vaillant, rien d’impossible.