La compassion est ce sentiment propre à l’humain qui le pousse à tendre la main à son prochain. Nous reconnaissant dans l’autre en souffrance, nous voulons lui apporter un certain soulagement. Ses difficultés, ses malheurs réveillent en nous des mémoires, parfois inconscientes, qui nous paraissent intolérables, injustes. Cette résonance suscite un élan qui nous porte à lui venir en aide.
Par compassion, nous allons partager un savoir-faire, un outil, une expertise, une connaissance que nous détenons avec quelqu’un qui en est dépourvu ou qui en a perdu l’usage, pour diverses raisons.
En ce sens, la compassion est une grande force, qui s’inscrit dans la chaîne de guérison humaine, la fraternité; elle en est un maillon essentiel qui permet l’évolution.
J’ai froid. Je n’arrive pas à me réchauffer, malgré mes efforts. Je rencontre un homme qui sait comment générer de la chaleur par la friction de deux morceaux de bois ; il sait allumer le feu. Il partage son savoir avec moi et à mon tour, je transmets l’information à mon entourage.
Toutefois, la compassion, comme toute chose en ce monde, si elle est mal utilisée et mal dirigée possède son revers. Tout comme la fission de l’atome, qui produit de l’énergie pouvant servir à détruire la vie ou à l’améliorer, la compassion peut devenir très néfaste.
Lorsque la compassion est exacerbée, exagérée ou bien qu’elle est dirigée vers quelqu’un qui en abuse, elle devient un handicap. Ces distorsions affligent plusieurs d’entre nous, souvent à notre insu. Mus par la compassion, nous nous oublions nous-mêmes pour porter assistance à autrui. À l’extrême, certains iront jusqu’à se tuer à la tâche pour rendre service, soulager. Ils se dévoueront corps et âme à une cause – aussi noble soit-elle – au mépris du respect de leurs besoins de base (sommeil, bien-être psychique, physique, matériel, etc.).
Bien au fait de cet aspect, bon, de la nature humaine, il est fréquent que des êtres mal intentionnés l’utilisent pour se servir eux-mêmes et ainsi, se dispenser de réaliser un certain travail qui les rebute. C’est une manipulation courante dans les mondes invisibles. Lorsqu’une personne a « le cœur sur la main », qu’elle est « toujours prête à aider », elle est repérée ! L’information se transmet et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle se trouve constamment sollicitée par des esprits avides de profiter de sa (trop) grande compassion. Vous connaissez sûrement de ces gens à qui on peut toujours faire appel en cas de besoin et qui ne disent jamais non ? À moins que ce ne soit votre cas ?
Sous ces aspects déformés, la compassion devient une faiblesse, un piège qui entraîne dans une spirale infernale où l’individu perd complètement de vue son propre bien-être, le respect de ses besoins pour se retrouver serviteur des désirs et des objectifs d’autrui.
Si vous vous sentez interpelé par cette description, je vous invite à vous poser ces questions :
Prendre conscience de certains comportements inappropriés et former l’intention d’y remédier amorce la démarche de guérison. C’est le premier pas. Ensuite, il s’agira d’activer le changement. D’agir différemment que dans le passé. Sans actions cohérentes avec les prises de conscience réalisées, la stagnation perdurera.
La compassion est une énergie. Sa maîtrise s’apprend ! Les entrées, ce que vous donnez, et les sorties, ce que vous recevez, doivent s’équilibrer.
Savoir donner et recevoir proportionnellement est une règle physique de base : il doit y avoir un certain équilibre sans quoi la faillite de ce que vous êtes vous guette.
Comme dans l’avion en cas de dépressurisation, il s’agit de mettre d’abord votre masque à oxygène avant d’aller assister autrui, même si c'est un être cher et démuni.
Le suicide de soi-même, fut-il commis par compassion, vous enlève toute possibilité d’aider dans le futur. Et par suicide, je parle surtout de suicide spirituel.
Car, ultimement, au bout d’une vie de compassion mal employée, que vous restera-t-il si vous vous êtes oublié ? Votre essence, votre vibration, unique, celle que vous êtes venu incarner, si vous l’éteignez en la concédant à autrui, si vous faites passer qui que ce soit ou quoi que ce soit avant vous-même, si vous arrosez son jardin et délaissez le vôtre, vous niez votre valeur, vous trahissez l’Être qui vous habite et privez l’humanité de ce qu’Il est venu lui apporter : sa lumière.
En sacrifiant l’Être en vous sous prétexte « d’aider », vous faites précisément le contraire, malgré vous. Car la seule manière d’aider, véritablement et durablement son prochain, c’est à travers votre propre guérison, celle qui libèrera l’Être afin que Lui réveille certaines compréhensions chez autrui, lui partage les éléments dont il a besoin pour guérir la souffrance qui l’afflige et que vous tentez, par votre compassion mal placée, de colmater, sans résultats autres que votre dépouillement et votre épuisement. La plupart du temps, les gens offrent à leur entourage ce qu’ils veulent ou ce qu’ils croient qu’ils veulent (manger), au lieu de ce dont ils ont besoin (apprendre à se nourrir).
Vous avez un choix à effectuer : êtes-vous venu servir autrui, qui profite sans vergogne de vos bontés, vous comportant tel un esclave enchaîné à son maître par la compassion ? Ou êtes-vous venu vivre votre vie, selon l'agenda inscrit en votre intérieur, mais si profondément enfoui sous des siècles de servitude, aux relents religieux, que vous en avez perdu toute mémoire et toute trace ? N’est-il pas temps de délaisser la voie sur laquelle on a voulu vous diriger dans un but d’asservissement pour commencer à retrouver votre propre chemin de vie ?
Personne ne peut effectuer ce travail à votre place.
Personne ne vous servira sur un plateau d’argent votre guérison.
C’est à vous, à vous seul que vous devez vous en remettre pour retrouver votre liberté, renaître à ce que vous êtes, en vérité.
Trouvez en vous le courage d’entreprendre de briser les schémas ancestraux dans lesquels l’humanité a été plongée depuis des millénaires ! C’est une possibilité maintenant accessible, si telle est votre décision.
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Si vous souhaitez aller plus loin dans l'approfondissement des distorsions de la compassion, je vous invite à aller écouter cette chanson. (Même si vous ne comprenez pas l'anglais, un certain travail intérieur se fera). Je retranscris les paroles anglais/français plus bas.
The Snake, Al Wilson
Accompagnement à l'ouverture de conscience