Se souvenir des malheurs les cultive, garde vivant en soi une perte, une injustice, une souffrance et donc maintient en place le passé dans le présent, qui sera notre futur.
Peu importe ce que fut le passé, notre passé, bon ou mauvais, sa caractéristique universelle, c’est qu’il est passé.
L’attachement au passé nous replace dans cette situation, passée.
Alors que nous vivons aujourd’hui, dans le présent.
C’est à partir du présent que nous créons notre futur, nos futurs moments présents.
Si nous partons toujours du même endroit, de ce point source qui est un évènement du passé, comme peut-on arriver à créer autre chose que ce que nous avons déjà manifesté, qui est notre vie actuelle ? Utilisez les mêmes ingrédients pour cuisiner une même recette produira le même résultat. C’est ainsi que lorsque nous vivons à partir de nos souvenirs, nous reproduisons sans arrêt, sans cesse, un futur semblable au présent que nous cherchons à changer.
Si vous avez l’impression que malgré vos efforts pour améliorer votre vie, elle change très peu, il est peut-être temps d’envisager de commencer à laisser le passé à l’endroit où il se trouve, véritablement : dans le passé. Pour cela, certains pardons doivent être réalisés, car c’est grâce au pardon que ce détachement peut s’effectuer.
Les humains gardent en mémoire les fautes, culpabilités, regrets, moments heureux perdus, souffrances vécues. Ce mécanisme, souvent inconscient a pour effet de nous maintenir à ces endroits. Se pardonner et pardonner à autrui, c’est le seul chemin pour cesser de traîner le passé vers l’avant.
Ce système en nous existe aussi au sein des communautés ayant subi d’atroces méfaits au cours de l’histoire. À notre époque leurs membres vivent encore dans le souvenir de ces crimes qui furent infligés à leurs ancêtres – ce qu’on appelle le « devoir de mémoire » – perpétuant la souffrance, cela même après des décennies, des siècles.
Qui tire profit aujourd’hui, réellement, de ce devoir de mémoire ? Les vivants ? Les survivants ? Que signifie « honorer la mémoire de celles et ceux qui ont souffert, qui sont partis, qui furent sacrifiés » ? Quels sont les impacts concrets de tels modes de pensée pour celles et ceux qui les entretiennent ?
Un homme éprouve une grande peine lors du décès de sa compagne. Il passe les années suivantes seul, en souffrance, à se remémorer leurs bons moments, fermé à toute nouvelle possibilité d’aimer. Quelle femme pourrait se comparer à son amour perdu ? Aucune… Il vit dans le passé.
Guérir, ce n’est pas oublier le passé, c’est s’en détacher. S’en libérer. Le laisser là où il est : dans le passé.
Une femme vit un grand amour avec son chat, durant de longues années. Inévitablement, ce chat meurt, un jour. La femme est très affectée. Elle se demande si elle a bien agi, si elle a laissé son chat en douleur, malgré sa bonne intention de prendre soin de lui. Elle éprouve beaucoup de culpabilité. Elle refuse d’envisager d’accueillir un autre chat pour ne pas revivre ces moments, éventuellement. Elle se ferme à de nouvelles expériences, qui pourraient être différentes, conservant le souvenir douloureux inscrit au plus profond d’elle, cette trame de sa vie. Sa fidélité au passé l’enferme, dans le présent et pour l’avenir ; elle est la geôlière de sa propre prison.
Le passé n’est garant de l’avenir que si nous-mêmes, par le ressassement de nos mémoires dans le présent, projetons ce passé qui deviendra nécessairement notre futur. Tel est le processus par lequel nous créons notre vie, à partir du moment présent. Le seul pouvoir que nous détenons sur le futur, ce sont nos pensées et les actions posées en accord avec elles, au moment présent.
Alors, si vous prenez conscience que vous nourrissez vos souvenirs, comprenez que vous continuez de créer un futur que vous connaissez déjà, car vous le vivez au quotidien. Si vous voulez améliorer votre vie, commencez à travailler à vous détacher du passé, par le pardon.
Tout le monde a commis des erreurs.
Tout le monde a subi des pertes.
Tout le monde a vécu la souffrance.
Tout le monde a connu l’injustice.
Est-ce cela que vous voulez reproduire, perpétuer et léguer à votre descendance ?
Il ne tient qu’à vous de mettre fin au cycle infernal du passé douloureux, par le pardon. Pardonnez-vous vos erreurs. Pardonnez à vos bourreaux, car par ce lien de ressentiment, ils vous maintiennent dans la souffrance passée.
La démarche du pardon n’est pas toujours facilement accessible. Il existe des stades où nous nous trouvons stationnés, possédés par les émotions, et où nous en sommes incapables. Ce sont des étapes à traverser. Certains, à force d’un travail intérieur, motivés par un sincère désir de mieux-être personnel seront en mesure d’avancer vers un endroit où le pardon, même pour des actes qu’ils croyaient « impardonnables », deviendra possible. Certaines compréhensions, alors, surgissent, permettant de percevoir ce qui, auparavant, était voilé.
Chaque humain, à différents niveaux, selon son degré de conscience, n’a pas accès aux mêmes informations. Lorsque certains éléments nous sont cachés – très souvent à notre insu, c’est-à-dire que nous ignorons que nous ne possédons pas l’ensemble des données – nous cheminons en fonction d’indications incomplètes. Nous ne voyons pas certaines portes, menant à certaines routes. Nous sommes maintenus sur des voies qui sont souvent des culs-de-sac. À ces endroits, les émotions, la confusion, l’incompréhension règnent et la possibilité de pardonner est pratiquement inenvisageable.
Il existe d’autres chemins que ceux du passé dans lequel vous vous êtes enfermés.
Il est possible de se libérer du passé et de commencer à vivre votre vie, et non celle qui fut programmée pour vous à partir de souvenirs dont vous êtes l'héritier, l'héritière.
Le premier pas est de le vouloir et d’agir selon cette intention, entrer en guérison non par de simples paroles et vœux, mais en posant des actions concrètes pour accomplir ce but : votre libération !
2 Comments
bonjour Caroline,
je dois avouer que votre article tombe à point… j’ai récemment perdu mon conjoint et effectivement, j’ai beaucoup de difficulté à me pardonner face à ce qui n’est pas arrivé ou ce qui s’est passé, et de la façon dont les choses se sont passées… je vis dans cette émotion depuis plus d’un an… et quand on me parle de me pardonner, que j’ai fait de mon mieux, je n’y arrive pas.. je ne vois encore ce que « j’aurais pu faire » …. j’ai encore beaucoup à apprendre sur laisser derrière le passer, se pardonner et aller de l’avant,
merci pour votre article, j’espère que j’arriverai bientôt à me pardonner pour avancer…🧡
Le conditionnement qui nous pousse à « nous sentir coupable » est omniprésent; il nous touche tous, à divers degrés. Parfois, la vie nous amène ce dont nous avons besoin pour défaire ces distorsions du « réel », d’une vérité qui nous est voilée, inaccessible, en grande partie par cette constante recherche intérieure (sans fin, car factice) de ce qui serait nos « fautes ». Ce comportement, tel un automatisme, nous dessert, nous empêche d’aller de l’avant, nous enferme à un endroit (passé) qui est passé. Nous courrons sans cesse comme un hamster dans sa roulette.
Il est possible de mettre fin à cet « enfer ». La première étape est de le vouloir, de décider de guérir ce qui vous empêche de vous en libérer. Des informations en ce sens, sur la voie à suivre, se mettront sur votre chemin si vous maintenez votre décision, coûte que coûte. Demandez à votre intérieur ce qui vous empêche de vous libérer de la culpabilité, qu’il mette devant vous les informations dont vous avez besoin pour défaire ce qui vous bloque. Bonne guérison !