Le chemin spirituel peut se comparer à un voyage pour retourner chez soi en traversant une forêt dense, sans sentiers balisés, avec des ressources et des instruments en mauvais état, sinon totalement défectueux ou manquants.
La psyché humaine est un véritable labyrinthe duquel il est très difficile de sortir sans une certaine forme d’aide, à différents moments. Malgré toute notre bonne volonté et nos efforts, il est possible, même probable qu’à un moment du parcours, nous ayons besoin d’une assistance pour retrouver notre chemin.
Les pièges sont innombrables…
Il est très courant que les facultés, les informations, les indications dont nous avons besoin pour retrouver notre chemin ne nous soient pas accessibles, disponibles (pour de multiples raisons), même si nous sommes persuadés que nous sommes en pleine possession de nos moyens. Nous croyons que notre sac à dos est bien garni, que notre boussole est en bon état de marche, que notre gourde d’eau est remplie et que nous sommes en excellente condition physique. Hélas, dans la majorité des cas, ce sont des projections de l’ego qui nous incite, ni plus ni moins, à nous enfoncer profondément au cœur de la forêt sans le nécessaire pour affronter les dangers que nous rencontrerons, inévitablement. Notre sac est resté sous la pluie et son contenu est inutilisable, notre boussole s’est brisée, notre gourde fuit et à l’entraînement, notre cheville s’est foulée.
Dans cet état de délabrement, nous pourrons passer des années, sinon une vie entière, à vivoter, à tourner en rond... Nous persisterons néanmoins dans l’idée que nous retrouverons notre chemin, par nos propres moyens. Que la solution, la réponse, la porte pour sortir de cet enfer finira par apparaître, à force de la chercher selon notre vision de la vie (qui est en fait celle de l’ego), même si notre situation ne fait que se détériorer, jour après jour, année après année.
Nous sommes perdus en voyage à l’étranger, nous nous obstinons à vouloir trouver la voie de sortie par nous-mêmes, sans demander d’aide, sans carte routière ni GPS, alors que nous avons les yeux bandés, les oreilles bouchées et que nous ne parlons pas la langue du pays ! Mais, nous nous entêtons à croire que nous avons la situation bien en main, qu'une certaine « réussite » est proche, au prochain détour, après un dernier effort, elle apparaîtra.
Le piège dans lequel nous sommes tombés, c’est de suivre les indications de l’ego qui nous fait ignorer que ce dont nous avons besoin pour retrouver notre chemin est stationné ailleurs qu’à l’endroit où nous cherchons. Un endroit où nous n’avons pas d’accès, où nous ne pensons pas ou ne voulons pas regarder, qui nous est caché, inconnu, qui nous effraie, nous rend inconfortable, qui requiert certaines ressources dont nous sommes dépourvus à ce moment pour s’y rendre, etc. L’ego ne veut pas se sentir démuni, alors qu’en fait, nous le sommes. Il va nous empêcher d’aller chercher autre part, de regarder dans d’autres directions que celle où il se sait en contrôle, en maîtrise. Car, regarder ailleurs, là où nous aurons la possibilité de retrouver ce qui nous manque pour rentrer chez nous, le placera en situation de faiblesse.
La seule manière de déjouer ce piège, c’est d’accepter notre situation. D’avoir l’humilité de reconnaître que nous sommes égarés. Et d’oser s’aventurer dans ces endroits qui nous répugnent, nous terrifient, que nous gardons secrets, bien enfouis au fond de nous, parfois tellement bien dissimulés que nous en avons oublié l’existence… Ce sous-sol, ce grenier, cette pièce de notre demeure intérieure où nous n’allons jamais, nos ténèbres : là se trouvent notre matériel de survie en forêt, notre boussole, nos facultés que nous avons jadis enfermées et qui pourrissent, inutilisables… Il nous faut aller les récupérer.
Pour cela, souvent, une aide appropriée sera requise. Rechercher nos mémoires perdues, reprendre conscience de leur existence, de leur présence, puis aller les récupérer, les nettoyer et en retrouver le plein usage est un travail qui demande certaines compétences.
Ce qui nous amène à un second piège, tout aussi courant et difficile à déjouer, celui de la fausse guidance.
Lorsque nous prenons conscience, à un certain niveau, que nous sommes égarés et que nous entreprenons de chercher une aide, il sera tentant de se fier au premier venu qui nous tendra la main pour nous sortir du pétrin. Désorientés, démunis, épuisés et parfois aussi très naïfs, nous pourrons accepter une aide sans nous douter ni voir que cette personne veut profiter de notre état de vulnérabilité pour se servir elle-même ou simplement qu’elle est inapte à nous aider véritablement.
C’est le piège de la fausse guidance.
Dans la forêt, il y a des méchants loups ! Des opportunistes avides de pouvoir et sans scrupules se tiennent prêts, tapis dans les fourrés, attendant les parfaites victimes qui tomberont dans leurs stratagèmes bien rodés, comme la petite pègre locale s’en prend aux touristes paumés et crédules.
Les faux guides sont aussi ceux qui ne sont pas mal intentionnés, mais incompétents ou inexpérimentés. Ils veulent aider, mais ne possèdent pas les ressources, les informations, les connaissances ou le savoir-faire requis pour nous apporter ce dont nous avons besoin. Suivre leurs indications ajoutera à notre confusion.
Toute personne en route vers sa demeure originelle, en guérison, sera inévitablement confrontée à de telles manipulations. Elles apparaîtront, au premier regard, salvatrices. Mais après quelque temps à suivre des prescriptions trompeuses, cette personne constatera que rien dans sa vie ne change, même que les difficultés rencontrées s’aggravent et que d’autres, souvent, se rajoutent. Non seulement elle ne voit toujours pas de lumière au bout du tunnel, mais elle s’enfonce chaque jour davantage dans les bois.
Les faux guides pullulent. Et je ne parle pas seulement de guides spirituels, de personnes œuvrant dans le domaine énergétique, les mondes invisibles. Tout individu qui intervient pour procurer à autrui une forme d’aide, à quelque niveau de ce soit – corps, âme, esprit – peu importe sa formation, sa discipline, reconnue, certifiée ou non est susceptible de fournir des indications erronées. C’est la triste réalité. La vigilance est donc de mise. Passer des mois, des années à suivre une fausse piste provoque de réels dommages, parfois irréversibles. Quantité de personnes animées d’une véritable intention de s’en sortir ont réalisé le subterfuge seulement une fois le mal fait ; elles y ont laissé argent, santé, temps, énergie et même, dans certains cas, la vie.
Il existe de véritables guides qui connaissent bien la forêt, la psyché humaine, et ses dangers. Compétents et honnêtes, ils sont en mesure de vous aider. Ces individus possèdent nécessairement des capacités, des facultés, innées, qu’ils ont eux-mêmes récupérées au fil de leurs propres chemins de guérison et qu’ils utiliseront pour vous aider à faire ce travail à votre tour. Ils sauront vous protéger durant votre trajet et serviront, au besoin, d’intermédiaire, de médiateur et de négociateur avec tout ce qui pourrait se mettre en travers de votre route.
Ces guides ne connaissent pas votre chemin, c’est à vous et à vous seul de le découvrir ; il est inscrit au plus profond de votre intérieur. Leur tâche est de vous aider à retrouver les éléments qui vous manquent, que vous avez oubliés, délaissés, échangés ou qui vous ont été dérobés afin que vous puissiez, par vous-même, rentrer chez vous.
Jamais, mais jamais, un véritable guide ne vous entraînera sur son chemin à lui. S’il vous dirigeait ainsi, alors il agirait afin de se servir lui-même et les membres du groupe dont il fait partie. De la même manière que les adeptes de méthodes, disciplines, croyances, religions visent le prosélytisme de leurs idéologies, la propagande et le recrutement de disciples, de clientèle.
Un authentique guide ne vous entraîne pas dans sa voie, ses solutions, ses facultés, ses réponses, ses idées, ses valeurs ; il vous amène à vous retrouver vous-même, au plus profond de ce que vous êtes, avec tout ce qui vous compose. Il permet, facilite votre guérison, ni plus, ni moins. Il vous offre la possibilité de retrouver votre chemin dans votre forêt intérieure ; il ne vous amènera pas sur le sien ni ne marchera à votre place sur le vôtre. Ce sont vos propres efforts, vos propres pas qui vous feront avancer vers le mieux-être.
Si vous avez entrepris le long voyage du retour et que, malgré vos efforts, vous avez l’impression que rien de change, que vous marchez sans jamais arriver nulle part, il est peut-être temps d’envisager de changer certaines manières de penser et de faire. De vous ouvrir à des possibilités que vous avez réfutées, rejetées, croyant « savoir », croyant détenir « la solution » qui vous sortira du bourbier dans lequel vous vous êtes fourré vous-même, par inconscience. La réponse que vous cherchez désespérément se trouve peut-être à l’endroit même où vous refusez d’aller ?
Le chemin, le vôtre, la solution tant recherchée existe. Le premier pas est d’accepter de regarder là où vous craignez peut-être d’aller : affronter l’ombre en vous. Votre lumière s’y trouve !
Les religions enseignent la crainte de l’enfer. Qu’il est dangereux de s’aventurer dans nos ténèbres. Alors que c’est précisément là, dans nos enfers personnels, que se trouvent ce que nous avons perdu, oublié, les clés dont nous avons besoin pour rentrer chez nous.
Ayez le courage de traverser la peur qui nous fut inculquée dans le but de nous empêcher de récupérer ce qui nous appartient de plein droit, notre unicité, notre pouvoir personnel, le pouvoir sur notre vie ! Ressuscitez ce qui est mort en vous, revenez à la vie ! Mettez-fin au stratagème de manipulation par la peur ; soyez courageux !