Toute souffrance vécue alors que nous étions démunis, incapables de gérer l’émotion éprouvée (par exemple lorsque nous étions enfants) a provoqué la fermeture à une partie de soi-même.
Une sorte de « shut down » automatique.
Un mécanisme qui s’est enclenché à notre demande, plus ou moins consciente, pour mettre fin au malaise ressenti.
Une porte de sortie, dans l’instant, une réaction pour éviter l’inconfort.
Un peu comme si dans une pièce de notre demeure, nous nous étions retrouvés les pieds dans l’eau, inondés par un refoulement d’égouts, mais sans outils, sans ressources, sans solutions pour évacuer le dégât. Devant l’étendue du désastre et notre impuissance, nous avons fermé la porte de cette pièce.
Pour ensuite continuer de vivre dans notre maison, oubliant l’existence de cette pièce, n’ouvrant plus jamais cette porte, croyant le problème « réglé » puisque devenu non visible.
Qui n’a pas un jour caché son linge sale (ou autre chose) sous son lit (ou ailleurs), avant l’inspection générale de la chambre par les parents 😊 ?
Or, dissimuler un débordement émotionnel ne le fait pas disparaître.
Enfermer une souffrance ne la fait pas disparaître.
Croire que « le temps arrange les choses » non plus !
Que se passe-t-il durant toutes ces années ?
Qu’arrive-t-il à de l’eau stagnante ?
La pourriture, la moisissure, les odeurs nauséabondes s’installent. En soi. Dans notre intérieur, qui se trouve dégradé, éventuellement inutilisable. Cette pièce avait une utilité et les meubles qu’elle contenait aussi !
Mais vous n’y avez plus accès. Vous avez même complètement oublié son existence, avec le temps. Vous vous êtes habitués à vivre coupé de certaines parties de vous-même, de certaines de vos facultés, continuant d’habiter dans les pièces restantes, pourtant inadaptées à vos besoins : vous dormez dans la cuisine, vous vous lavez dans le garage… Mais vous vous en accommodez. Par habitude, sinon par résignation.
Vous avez vous-même condamné la pièce de votre demeure et ses composantes qui avaient une fonction, une utilité, celle de vous servir. Aujourd’hui, vous cherchez à résoudre les difficultés auxquelles vous faites face quotidiennement en continuant de fréquenter les mêmes pièces, alors que les solutions se trouvent dans celle que vous avez condamnée.
Enfouie en vous très profondément, il y a la crainte de contacter les souffrances passées. Vous avez enregistré que vous étiez impuissant à affronter ce déluge. Vous continuez de le fuir.
Oui, si vous osez rouvrir cette porte que vous-même avez fermée, vous verrez la dégradation de ce que vous y avez laissé dépérir. Il faudra détruire, jeter, nettoyer. Puis reconstruire.
C’est un travail exigeant, mais c’est la seule direction qui vous donne la possibilité de retrouver, enfin, ce dont vous avez accepté de vous priver : vous-même, dans votre totalité.
Vous n’êtes plus la personne démunie, effrayée, qui ferma la porte, faute de moyens, de ressources, d’aide. Ne restez pas figés dans un passé révolu, ayez le courage de faire une nécessaire mise à jour. Sinon, vous continuerez de projeter votre passé dans l’avenir, vous demeurerez en stagnation.
Vous seul pouvez rouvrir une porte que vous avez fermée. Cette décision vous appartient. Oui, vous pourrez recevoir de l’aide pour retrouver le chemin vers cette porte, mais c’est à vous et à vous seul que revient la décision de la rouvrir.